[Saga de la rentrée] Graffiti : épisode 3

Publié le par Margaux

Hello everybody ! 

 

Il est tout chaud, tout moelleux, il sort du four, le voici ! Le 3eme épisode de Graffiti ! :D 

 

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Graffiti (partie 3) 

 

 

« Mademoiselle, pourquoi me demandez-vous ça ?

-Depuis le début de notre interrogatoire, vous n’avez parlé qu’avec des nombres. Vous avez énoncé les montants des amendes que l’on risquait de devoir payer. Vous avez énoncé les durées des peines de prison que l’on encourait. Vous avez noté des numéros de téléphone. Vous n’avez cessé de regarder quelle heure il était. Vous avez parlé du nombre de tribunaux dans la ville, et du nombre de gens y officiant. Vous avez mentionné le fait que vos 5 collègues allaient approuver votre verdict. Mais êtes-vous allée voir ces graffitis que vous décriez tant ? Nous avez-vous regardés dans les yeux et avez-vous pris la peine d’y lire quoi que ce soit ? Nous ne sommes ni mauvais, ni pourris-gâtés, ni désespérés, Madame. C’est juste que notre rêve commun est d’entrer dans une école d’art, et que cette ville grisâtre est si triste et si monochrome... »

 

J’en demeure estomaquée. Tellement estomaquée que je ne sais que répondre et que je finis par me donner tant bien que mal une contenance en feuilletant mon classeur de documents.

 

« Bien. Vous aimez dessiner, et c’est très bien. Mais pourquoi sur les murs de la ville ? La civilisation chinoise a inventé un truc génial, qui s’appelle le papier, il y a maintenant un sacré bout de temps, le savez-vous ? 

-Oui. Nous l’avons appris en cours d’histoire. Mais nous ne voulons plus de ce monde triste, peuplé uniquement de nombres. »

 

Cette fois, c’est le garçon qui s’est exprimé, d’une voix posée, douce et limpide comme un lac de montagne. Il plonge à son tour ses yeux clairs dans les miens. Je suis comme ensorcelée par ces deux jeunes.

« Non, Alice, ne te laisse pas attendrir, nom d’un chien ! »

 

Je peine à me ressaisir. L’envie de me mettre à crier et de copieusement disputer ces deux adolescents me prend. Mais leur histoire de tag m’intrigue. Ma curiosité a été piquée par leurs paroles sibyllines et leurs yeux d’azur. Je regarde mon smartphone ; 8h 20. Bon. Après tout, je n’ai rien de prévu aujourd’hui. J’ai le temps.

 

« Bon. Soit. Je vous fais monter tous les deux dans ma voiture, et vous allez m’emmener devant ce fameux graffiti de la discorde. Je jugerai de la situation en le voyant. Et ne vous avisez pas de tenter quoi que ce soit pour vous enfuir, sinon, ce soir, vous dormez au poste ! »

 

Ils acquiescent de concert, et nous voilà partis. Je traverse le poste, suivie de mes deux acolytes, sous l’œil perplexe de mes collègues, qui me regardent comme si j’étais une poule sur un scooter. Je suis subitement agacée par leurs yeux intrusifs, et une folle envie de leur balancer une petite phrase cinglante telle que « Ben quoi, vous n’avez jamais vu des jeunes ? » me prend un instant la gorge. En bonne professionnelle, je me retiens et grimpe dans ma voiture.

 

Le moteur ronronne doucement tandis que la voiture semble glisser sur l’asphalte. En silence. Jim, bien droit, est assis à l’avant, à côté de moi, tandis que Morgane est recroquevillée sur la plage arrière. Nous arrivons finalement devant la mairie. Des agents d’entretien s’activent déjà en tous sens. Le maire me voit et m'accoste aussitôt : 

« Ah, Lieutenant Walter, vous voilà ! Et je suppose qu’il s’agit là de nos deux compères dessinateurs de l’ombre ? », ajoute-t-il en regardant les deux jeunes. Je ne lis aucune colère dans ses yeux, plutôt de la bienveillance. Décidément, quelle drôle de matinée…

« Venez avec moi, lieutenant, m’invite-t-il. Allez savourer le chef d’œuvre avant que les agents d’entretien ne le fassent disparaître. »

 

Je le suis. Il me mène devant un grand mur. Un grand mur gris, sale d’une affligeante banalité, plus triste qu’une porte de prison. Et pourtant, sur un côté de l’édifice, la couleur a repris ses droits. Une arabesque de lumière s’étend en effet sous mes yeux. J’y vois toutes sortes de choses : une grande forêt lumineuse ; un ciel peuplé d’étoiles, de galaxies et de constellations ; une petite fille qui fait de la balançoire en riant aux éclats ; un renard jouant avec une chauve-souris ; une Cadillac Eldorado roulant à toute vitesse sur l’autoroute du soleil ; un tapis rouge, foulé par une magnifique jeune femme toute en sourires et en boucles rousses. C’est un magnifique dessin, riche de petits détails et de couleurs. Je suis complètement sous le choc. Ainsi donc, voilà ce que mon colonel m’a présenté comme étant des « graffitis » ? 

 

 

To be continued ...

 

 

Suite et fin la semaine prochaine, à savoir samedi 3 Octobre à 23h 23 ! ;) 

Je vous souhaite à tous une bonne semaine !   

 

 

 

 

[Saga de la rentrée] Graffiti : épisode 3
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